samedi 17 septembre 2011



"Juan Gris, rimes de la forme et de la couleur", au musée Paul Valéry de Sète jusqu'au 31 octobre 2011 : http://museepaulvalery-sete.fr/juan_gris_rimes_de_la_forme_et_de_la_couleur.php


Consacrée à l’œuvre de Juan Gris, cette exposition, qui présente un aspect moins connu de l’œuvre du peintre (de 1916 à 1927), a pour propos de mettre en évidence le rôle particulier, et singulier, qui a été celui de l’artiste dans une esthétique cubiste qu’il a su renouveler en apportant à l’entreprise initiée par ses deux illustres prédécesseurs, Picasso et Braque, une dimension à la fois intellectuelle et constructive.
« Arrivé à Paris à l’automne 1906, Juan Gris, qui a pu obtenir un atelier au Bateau-Lavoir grâce à Picasso, assiste à la naissance du cubisme. Il voit s’élaborer, dans les dernières années de la première décennie du XXe siècle, la première phase du cubisme qui sera par la suite qualifiée d’analytique et dont il va à son tour assimiler les innovations en y apportant sa propre vision. Une vision relevant d’une approche intellectuelle et plastique qui le conduit à une synthèse personnelle et qui lui attribue une place essentielle dans l’élaboration de la seconde phase du cubisme, dite synthétique.
C’est cette seconde phase, qui prend pleinement sa dimension chez Gris pendant les années de la Première guerre mondiale, que retient cette exposition. Après un bref rappel de la période antérieure, elle propose un éclairage du rôle particulier de l’artiste dans l’évolution de l’esthétique cubiste, le langage plastique qui a été le sien, le caractère singulier de sa démarche. Car si Juan Gris enrichit de sa propre personnalité l’expérience de la décomposition analytique du motif, il n’aura de cesse de chercher à atteindre une perfection de l’équilibre entre la référence au réel et une architecture de l’œuvre ayant ses propres lois, son propre langage. La synthèse s’opère chez lui par un dépouillement de plus en plus marqué, par une respiration nouvelle d’un espace souvent fermé chez les peintres cubistes, par un éclatement de la couleur tout à fait atypique dans l’esthétique cubiste, par une sensibilité personnelle qui le conduit à observer la vie intérieure de chacun de ses sujets. Ainsi l’intellectualisation qui anime sa démarche, et qui a parfois été qualifiée de « froideur », accorde-t-elle une large place à la sensualité plastique. Ce côté sensible et sensuel qui, je pense, doit exister toujours, je ne lui trouve pas de place dans mes tableaux , écrivait-il en 1915 à son marchand Daniel-Henry Kahnweiler, témoignant très tôt d’une préoccupation qui le fit recourir à maintes reprises à une terminologie poétique lorsqu’il parlait de sa peinture. Dans un de ses textes publié dans L’Esprit Nouveau en 1921, il précisait son désir d’humaniser la peinture et expliquait ses recherches en se référant à Cézanne : Cézanne d’une bouteille fait un cylindre, moi […] d’un cylindre je fais une bouteille, une certaine bouteille. Cézanne va vers l’architecture, moi j’en pars. C’est pourquoi je compose avec des abstractions (couleurs) et j’arrange quand ces couleurs sont devenues des objets. Par exemple, je compose avec un blanc et un noir et j’arrange quand ce blanc est devenu un papier et le noir une ombre ; je veux dire que j’arrange le blanc pour le faire devenir un papier et le noir pour le faire devenir une ombre. Cette peinture est à l’autre ce que la poésie est à la prose.» L’exposition réunit des œuvres de provenances internationales, qu’il s’agisse de collections publiques ou de collections particulières (Etats-Unis, Espagne, Suisse, Israël, Japon, France…).
Elle est accompagnée d’un catalogue réunissant notamment des essais de plusieurs auteurs spécialistes du peintre et du cubisme (Ithzak Goldberg, Patrick-Gilles Persin) ainsi que de Maïthé Vallès-Bled, directrice du Musée Paul Valéry et commissaire de l’exposition.

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