vendredi 15 janvier 2010

Festival Flamenco Nîmes


Festival Flamenco Nîmes. 20ème édition.
Du 07 au 23 janvier 2010

Dès le mardi 12 et jusqu'au samedi 23 janvier, le Théâtre, l'Odéon et le Tribunal de Nîmes
accueillent les grands cantaors et cantaoras : Mayte Martín, El Cabrero (pratiquement le seul à n'être jamais venu au Festival), Rafael de Utrera, Miguel Poveda, Inés Bacán, Luis El Zambo, José Valencia. Et les guitaristes fameux : Chicuelo, Moraito, Dani “de Morón” Méndez, Antonio Moya, Rafael Rodriguez, Javier Conde, Eugenio Iglesias, Alfredo Lagos. Et, bien sûr, les étoiles du baile: Israel, Pastora et José Galván, Andrés Marín, Rocío Molina, María José Franco, Javier Barón. Sans oublier un musicien et homme-orchestre hors normes, Diego Carrasco lui-même. Soit un ensemble d'artistes hautement reconnus et acclamés.

Tout le programme: http://www.theatredenimes.com/fest-17-festival_flamenco_20_ans.html

mercredi 6 janvier 2010

Agora

Horaires du 06 au 12 janvier : tous les jours :

En VF

  • 10:50
  • 13:45
  • 16:30
  • 19:25
  • 22:10
Au Gaumont Multiplexe, 235, rue Georges-Melies 34000 Montpellier

« Le transcendantal m'intéresse, il m'intéresse toujours de proposer une réflexion sur notre condition »

14/12/09 - Alejandro Amenábar (Tesis, Abre los ojos, Los otros, Mar Adentro) reçoit les journalistes dans l'ambiance feutrée de l'hôtel particulier Montmartre. Assis sur un fauteuil en velours, le visage collé à l'unique lampe qui éclaire faiblement le salon, il présente son dernier film Agora. Ce drame historique, construit autour de la figure d'Hypathie, célèbre astronome et philosophe du IVe siècle, retrace le combat entre la raison et l'intolérance religieuse à Alexandrie.

Vous avez réalisé un film sur la violence religieuse. J'aimerais savoir de quelle manière les attentats de Madrid vous ont touché et dans quelle mesure ils sont un point de départ du film.

Evidemment, en Espagne nous vivons de très près cette violence terroriste. Quand sont apparues des polémiques sur la question du public du film, j'ai dit qu'un terroriste de l'ETA devrait se sentir plus concerné qu'un chrétien normal qui ne va pas tuer pour ses idées. Quand on regarde le journal télévisé, on voit des actes terroristes commis par des personnes prêtes à tuer pour leurs idées. Etant donné le contexte dans lequel je vis, c'est une chose que j'ai du mal à accepter. Cependant, je ne crois pas que cela ait été à l'origine du film.

Dans vos films, j'ai l'impression que les personnages principaux ont toujours un double visage : vivants et morts dans Les Autres, beau et défiguré dans Ouvre les yeux... Ici, il s'agit du combat entre le côté tolérant et intolérant qu'il y a en chacun de nous. Pourriez-vous nous parler de cette double identité de vos personnages ?

Plus que sur le noir et blanc, j'aime jouer sur les nuances de gris et montrer que les personnages peuvent réagir de différentes manières selon le moment. Concrètement, dans Agora, il s'agit de revendiquer ces personnages qui à un moment de l'Histoire ne sont ni avec les uns ni avec les autres. Parfois, il y a des circonstances politiques qui obligent à affirmer : "Soit tu es avec moi, soit contre moi". La politique des Etats-Unis s'est radicalisée ces dernières années. En Espagne également, elle s'est radicalisée. Cela m'effraie assez parce que je n'aime pas l'idée d'appartenir à un camp. J'aime pouvoir changer d'opinion. Hypathie est une de ces voix du milieu qui finit par mourir écrasée par le radicalisme.

Agora est un film écrit en collaboration avec Mateo Gil (co-scénariste de tous les films d'Amenábar excepté Les Autres). Quelle est votre méthode de travail ?

Mateo et moi commençons par nous enthousiasmer, nous passionner ensemble pour un sujet. Dans ce cas, il s'agissait de l'astronomie. Ensuite, nous nous réunissons et faisons un brainstorming pendant plusieurs heures. Quand nous trouvons un angle d'approche vraiment très spécifique, nous commençons à écrire. Nous écrivons tous les deux l'ensemble des séquences, puis nous comparons nos versions et au final c'est moi, en tant que réalisateur, qui tranche.

Quelle était la plus grande difficulté pendant la préparation et le tournage de ce film ?

Il était fondamental d'optimiser les ressources. Le budget prévisionnel était de 80 millions d'euros et moi je ne voulais pas renoncer à montrer Alexandrie de la manière la plus réaliste possible. Je devais le faire pour 50 millions d'euros. Nous ne savions pas où économiser ces 30 millions. C'est cela "optimiser", quand tu sais que chaque mauvaise décision que tu prends, c'est de l'argent jeté à la poubelle. Pour moi, à ce niveau de décision, le plus important était d'arriver à ce que les erreurs inévitables que je fais tous les jours soient les plus réduites possible. C'est également ce qu'ont fait tous les chefs d'équipe.

J'ai l'impression qu'il y a toujours un sentiment religieux dans vos films bien qu'ils ne traitent pas frontalement de religion. Pourriez-vous nous parler de votre rapport à la religion ?

La religion a à voir avec le transcendantal. Le transcendantal m'intéresse, de même qu'il m'intéresse toujours de proposer une réflexion sur notre condition. Que faisons-nous ici ? Où allons-nous ? Les réponses proposées par la religion sur laquelle je suis tombé, la Catholique, ne m'ont pas convaincu. Je crois donc que mon chemin consiste à continuer l'exploration. Je suis en train de chercher. Jusqu'ici, ce que j'ai rencontré de plus transcendantal et de plus spirituel a eu lieu lors de ces dernières années de lecture sur l'astronomie.

Pouvez-vous nous parler de l'influence de films comme les grands péplums ou La Dernière tentation du Christ de Martin Scorcese ?

La Dernière tentation du Christ m'a semblé très intéressant, justement pour ce traitement réaliste, hyperréaliste dans certains cas. Nous sommes remontés jusqu'à Ben-Hur, La chute de l'empire romain, Spartacus et également Pharaon, un film polonais qui est fantastique car il atteint un grand niveau de réalisme. Il s'agissait de voir tous ces films puis de les oublier afin d'essayer de vivre réellement un voyage dans le temps. C'est de cette manière que je voyais les choses, comme si on nous avait laissé des caméras et que nous devions décrire une ville d'aujourd'hui, par exemple Paris. J'essayais de m'assurer que j'allais retrouver le maximum de détails pour que les spectateurs se fassent une idée d'Alexandrie à l'époque.

Etant donné que vous abordez la question de la violence religieuse, dans quelle mesure y a-t-il eu censure ou, plus précisément, autocensure ?

Plus que de la censure, je ne voulais pas faire un film qui offense les croyants, la question étant déjà très présente dans l'actualité. Comment faire pour ne pas offenser celui qui ne pense pas comme toi ? Cependant, je voulais être très fidèle aux faits. Je me souviens avoir eu quelques discussions avec certains acteurs parce le film questionnait la figure de Cyrille par rapport à Hypathie. Mon principal argument était que beaucoup de chroniques sont des chroniques chrétiennes. C'est ainsi que nous savons avec quasi-certitude jusqu'à quel point Cyrille était impliqué dans la mort d'Hypathie. Le film ne le dénonce pas directement mais le signale comme l'instigateur de la mort d'Hypathie. Nous savons qu'elle est morte dans des circonstances dramatiques. C'est un épisode du christianisme très obscur et je crois que cela peut être comparé à la mort de Federico Garcia Lorca comme présage de la guerre civile espagnole. C'est un présage des événements à venir : la persécution massive et l'imposition de la foi.

Justement, avez-vous pensé à la guerre civile espagnole en écrivant le scénario de ce film ?

Oui, c'est une question que Mateo et moi nous sommes posés : "Si nous avions vécu un événement pas si éloigné de nous tel que la guerre civile, qu'aurions-nous fait selon le camp dans lequel nous nous serions trouvés ?" Nous aurions été obligés de prendre une mitraillette, de tuer des gens. Je t'aurais tué toi. C'est ce dont je parlais précédemment, ces voix qui sont au milieu, qui cherchent l'entente et sont finalement écrasées par l'hystérie collective. Je voulais en rendre compte dans le film. Quand la voix qui résonne ne se laisse plus entendre parce que les cris l'en empêchent.

Quels points communs voyez-vous dans la génération actuelle de cinéastes espagnols ?

Il y a clairement une tendance au fantastique mais c'est très difficile de trouver un point commun parce que ce qui a caractérisé le cinéma espagnol des dernières années a justement été la diversité. Personnellement, je fais un film d'un genre différent à chaque fois. Il y a le cinéma d'Almodovar, le cinéma social… Par exemple, Fernando Leon de Aranoa fait du cinéma social. Les films fantastiques viennent surtout de Catalogne, de réalisateurs comme Juan Antonio Bayona. Je viens d'ailleurs de produire un film fantastique. Plusieurs autres sont en tournage alors on peut effectivement dire qu'il y a un véritable courant.

Pour terminer, quelles sont vos influences parmi les réalisateurs espagnols classiques ?

Les réalisateurs qui m'ont le plus inspiré sont Spielberg, Hitchcock et Kubrick. Quand j'étais adolescent puis lorsque je suis entré à l'université, ce sont eux qui ont le plus attiré mon attention. Les réalisateurs espagnols qui me plaisent beaucoup sont Luis Buñuel ou encore Luis Garcia Berlanga qui est beaucoup moins connu à l'étranger. J'aime aussi Almodovar. Mais, je ne crois pas que ce soit des réalisateurs qui aient marqué ma manière de m'exprimer cinématographiquement. Par contre, Spielberg est un réalisateur dont j'ai énormément appris, de même que Hitchcock.

Propos recueillis et traduits par Daniel Touati.
















Tetro


Tetro
Francis Ford Coppola
Argentine, 2009, 2h07 avec Vincent Gallo, Maribel Verdù, Alden Ehrenreich, Carmen Maura...
Quinzaine des réalisateurs Cannes 2009

Tetro a rompu, dix ans auparavant, tout lien avec sa famille pour s’exiler en Argentine. Il voulait être écrivain, mais son unique manuscrit, est enfermé dans une valise.
Le seul bonheur de Tetro, c’est Miranda, sa lumineuse et aimante compagne. Débarque Bennie, le jeune frère de Tetro. Entre eux, l’ombre d’un père despotique, illustre chef d’orchestre, Bennie veut comprendre, au risque de rouvrir de vieilles blessures et d’exhumer des secrets de famille bien enfouis...
« Tetro » est un film éblouissant, pas d’autres mots. Deux ans après « L’homme sans âge » - qui marquait déjà un tournant dans l’œuvre de Coppola vers une plus grande liberté, de projets plus personnels et une indépendance vis à vis des studios – « Tetro » prend son origine dans un script de jeunesse du réalisateur, inspiré de son histoire familiale, et nourrie depuis par l’expérience de toute une œuvre et de toute une vie.
Dans un noir et blanc magnifiquement travaillé d’ombres et de lumière, qui rappelle les films hollywoodiens des années 40, troué parfois de fulgurantes séquences couleur – scènes de traumas, fantasmagories, visions et rêves lancinants – « Tetro », mélodrame sombre et flamboyant, est un maelström de sensations et de sentiments exacerbés – Chaos familial, secrets enfouis, rêves détruits, désirs forcenés, haine et amour.

Huacho


Huacho
Alejandro Fernàndez Almendras
Chili, 1h29, avec Clemira Aguayo, Alejandra Yanez, Cornelio Villagran, Manuel Hernández...
Semaine de la critique

La principale qualité de ce film chilien, c’est sa discrétion. Une journée dans la vie d’une famille rurale dans le sud du Chili. La grand-mère, Alejandra, et le grand-père, Cornelio, leur fille, Clemira, et leur jeune petit-fils, Manuel. Le principe est simple comme une mathématique élémentaire. A quatre reprises, le film accompagne l’emploi du temps de chacun des protagonistes. La grand-mère qui va vendre des fromages au bord d’une route ; la fille qui travaille comme bonne à tout faire dans une hacienda pour touristes ; le gamin qui va à l’école ; le grand-père qui s’active aux champs.
Les habitants du film n’ont plus l’électricité, calculent tout au peso près mais ils savent se servir des ordinateurs et des téléphones portables. Quant à la révolte... ils sont à la peine pour lui trouver une maigre place dans leur plein emploi du temps, entre misère et dignité malgré tout. Si le film a un tel impact «pédagogique» pour nos vies cabossées, c’est qu’il évite bien des écueils inhérents aujourd’hui aux films dits «alter». Le pittoresque de la vie «à la campagne», la nostalgie douteuse de ses «vraies valeurs» et encore plus le cliché des paysages forcément natures et exotiques puisqu’on ne les connaît pas. Le tourisme n’est pas le genre de la maison.
Huacho est un mot qui signifie bâtard mais, dans la région chilienne où se passe le film, il désigne aussi tout ce qui est abandonné, personnes ou objets. Pourtant, Huacho ne nous laisse pas tomber, il nous ouvre de belles pistes de réflexion. Son militantisme imperceptible et terre à terre peut se résumer par une de ses très belles saynètes.
Cornelio, le pépé intarissable et un peu saoulant sur les bonnes histoires marrantes d’autrefois se voit littéralement couper la parole quand soudain l’électricité revient dans la maison. Quel est donc ce bruit de fond, ce boucan qui couvre sa voix de vieillard ancestral ? La télé qui redémarre. Fin de la panne, début des temps modernes.

Horaires : http://www.cinediagonal.com

Padre Nuestro


Padre nuestro
Christopher Zalla
USA / Argentine, 2009, 1h50 avec Jesus Ochoa, Eugenio Derbez, Jorge Adrián Espíndola
Grand prix Festival de Sundance 2009

Horaires : http://www.cinediagonal.com/

Juan et Pedro, deux jeunes mexicains, cherchent à émigrer clandestinement à New York. Pedro pense y retrouver son père, Diego, qu’il croit propriétaire d’un grand restaurant. Il garde sur lui une lettre de sa mère, sur laquelle figure l’adresse de Diego.
Mais pendant le voyage, Juan lui vole la lettre et décide d’usurper son identité.
Se faisant passer pour son fils, il se présente à Diego, et découvre alors que celui-ci n’est qu’un pauvre plongeur qui amasse le plus d’argent possible pour, un jour, rentrer au Mexique.
Dès lors, Juan n’a de cesse de chercher cet argent caché. De son côté, Pedro, perdu dans NY, rencontre Magda, une jeune femme paumée à qui il demande de l’aider à retrouver son père.
Ce film n’est pas une énième confrontation entre le bon et le mal. L’ambiguïté des personnages et leurs erreurs crée une véritable spirale autour d’eux, plongeant le spectateur dans un certain malaise. Il comprend assez rapidement qu’il n’y a pas de véritable issue de secours. Ces personnages nous surprennent constamment. Ils ne sont pas simplement paradoxaux : ils sont humains. Ils apprennent, évoluent, vivent.