dimanche 6 juin 2010

Dioses


Dioses
Josué Méndez
Pérou, 2010, 1h52, avec Maricielo Effio , Sergio Gjurinovic , Edgar Saba , Anahí de Cárdenas ... FESTIVAL DU FILM DE BIARRITZ – GRAND PRIX « EL ABRAZO D’OR »

Diego et Andrea, frère et sœur, vivent en dehors du monde, loin de la réalité de leur pays, dans un univers où les repères sont tronqués. Dans la luxueuse villa familiale au bord de l’océan Pacifique, les deux adolescents se retrouvent surtout déconnectés d’eux mêmes : Andrea va de fête en fête, de garçon en garçon... pendant que Diego la surveille plus ou moins discrètement. Leur père ramène sa nouvelle amie à la maison. Elle a vingt ans de moins que lui, vient des quartiers pauvres et va devoir apprendre les règles que son nouveau statut implique. Une famille prise au piège de la rigidité des mécanismes sociaux de la classe supérieure péruvienne. Une chronique sur la décadence, l’hypocrisie et le conformisme dans un milieu frivole et hermétique, où les personnages agissent comme des dieux, au-delà des règles, au-delà de la morale, au-delà de la croyance.

Rabia


Rabia
Sebastian Cordero
Espagne / Colombie, 2009, 1h35, avec Martina Garcia, Gustavo Sanchez Parra, Concha Velasco, Xavier Eloriaga, Alex Brendemühl, Iciar Bollain...
Grand Prix du Festival Ciné Espanol de Malaga 2010
D’après le roman Rage, de Sergio Bizzio

A Madrid, Rosa et José-Maria, deux immigrés sud-américains, voient le début de leur histoire d’amour contrarié par un drame: José-Maria provoque la mort de son chef de chantier, qui venait de le licencier. Recherché par la police, l’amant de Rosa doit se cacher. Il trouve refuge dans les combles de la maison Torres, vaste demeure bourgeoise...où travaille Rosa en tant que domestique. Dès lors, la romance radieuse s’assombrit et se resserre en un oppressant huis clos...
José-Maria ne peut pas trahir sa présence en allant rejoindre l’objet de son amour. Cette condition est d’autant plus intenable pour lui, que Maria est belle, et au centre de tous les désirs. Comme Jeanne Moreau dans «Le Journal d’une femme de chambre», la jeune domestique révèle tous les vices enfouis dans la famille Torres. S’inspirant de Bunuel pour montrer la décadence morale d’une haute bourgeoisie déchue, Cordero ne s’inscrit pas dans le registre caricatural propre à la farce, prenant soin de caractériser chacun des membres de la famille de façon nuancée. Si le père ignore complètement la domestique, parlant d’elle à la troisième personne, son épouse, elle aussi guindée, la prend néanmoins en considération. Quant au fils aîné, alcoolique et désœuvré, un désir de domination plus sombre et malsain l’anime. «Rabia» parvient à tenir le cap du thriller, de la romance et de la satire politique, avec une efficacité assez redoutable.
Sebastian Cordero s’est fait remarquer avec ses deux précédents films, «Ratas, ratones, rateros» (2002), nommé aux Goyas espagnols, et «Cronicas» (Investigations), sélectionné à Sundance (Cinémas du monde) et à Cannes (Un certain regard) en 2005. Avec «Rabia», produit par Guillermo Del Toro, le cinéaste équatorien continue à nous prouver qu’il ne manque pas de talent. Un film excellent !