vendredi 30 octobre 2009


La vida loca, Christian Poveda

Mexique, film documentaire, 1h30

Diagonal Capitol. A partir du Jeudi 29 octobre. http://www.cinediagonal.com/




On les appelle les Maras. Construits sur le modèle des gangs de Los Angeles, ces groupes de jeunes sèment la terreur dans toute l’Amérique Centrale. Nouveau fléau mondial qui détruit par la violence aveugle les principes démocratiques et condamne à mort une jeunesse privée de tout espoir d’avenir.Sans jugement aucun, Christian Poveda donne ainsi à voir la réalité d’une population étouffée par ses propres habitudes et une pression policière toujours plus présente. Empêchant les uns d’aller travailler, condamnant dès lors le moindre effort pour monter une entreprise stable. Car à trop vouloir en finir avec la violence par l’utilisation de la force, l’institution policière ne fait en réalité qu’envenimer les choses, comme un cercle vicieux dans lequel personne n’est vraiment prêt de s’en sortir.Alors, il reste le gang, sorte de refuge pour les plus faibles, comme une micro société dans laquelle chacun pourrait évoluer à sa guise. Et le bilan de Christian Poveda est extrêmement pessimiste, insistant, de part son montage et la réalité de ce qu’il filme, sur ce schéma sans fin dans lequel cette jeunesse s’est malheureusement enfermée. Donnant à voir leur quotidien, des rites initiatiques à coup de passage à tabac au premier tatouage. Des couples qui se forment en son sein aux multiples enterrements. Des rendez-vous chez le médecin aux allers et retours en prison. Car, dépendre d’un gang signifie avant tout devenir une entité par rapport à une autre, en marquant sur son corps son appartenance à un groupe, se confrontant dès lors à des «ennemis invisibles». Avec froideur, le cinéaste inclut ainsi à son documentaire de nombreuses images quasi insoutenables, des corps criblés de balles au beau milieu d’une rue à la préparation des cercueils. Suivant certaines personnes bien vivantes mais condamnées à être mises en bière par la suite. Conduisant dès lors à des nouveaux embrigadements, qui amèneront à des nouveaux meurtres et ainsi de suite... Et il est bien difficile de s’en sortir quand la société ne nous laisse pas d’autres opportunités et que notre corps porte les marques d’une organisation totalement rejetée. Complètement immergé par son sujet, Christian Poveda livre un film percutant et jamais misérabiliste, portant un regard juste et dur sur ses quartiers salvadoriens et cette jeunesse, vouée à «tuer pour vivre et vivre pour tuer». Un documentaire coup de poing auquel, en octobre, viendra se greffer la fiction, avec le film « Sin Nombre ».

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